And I will
fall in the underground
Yoru s'étira. Il en avait terminé avec les visites pour aujourd'hui, d'ailleurs il était... 18h00 ? Déjà ? Il enfila son casque – ... de musique. Mu-si-que – et se dirigea dehors pour retourner chez lui. Oui, par les ruelles maintenant très peu utilisées, tout à fait. Non qu'il n'aimait pas ces... couloirs-suspendus-dans-le-vide-entre-les-différents-bâtiments, mais il préférait largement ne pas avoir à les utiliser. Avant tout et surtout parce que ça lui évitait de voir trop de monde, et donc qu'il avait moins de risques de voir une myriade de couleurs magnifiques. Quand il pouvait éviter de passer par là, il évitait.
Les mains dans les poches, le casque sur les oreilles, une douce musique classique qui lui faisait voir une magnifique teinte cyan, il n'entendit plus rien de ce qu'il se passait autour de lui. Son sac en bandoulière sur l'épaule, son robot à ses côtés – quelle plaie de le suivre partout celui-là, heureusement qu'il n'était pas présent quand il était avec ses patients – il se focalisa soudainement sur la teinte cyan, douce et chaleureuse, diffusée par le concerto pour violon. Il se tourna vers son robot et lui demanda d'aller faire un détour par une confiserie.
Et à peine le robot s'exécuta que Yoru se figea sur place. Il fut paralysé, ne respira pas pendant un très long moment, avant de se détendre. Fuschia. C'était du fuschia. On se calme, juste du fuschia... Une pluie torrentielle s'abattit alors sur lui. Non qu'il sentit la pluie torrentielle mouiller ses vêtements – il ne sentait rien, alors bon... –, mais les teintes de cyan qu'il voyait furent troublées. Arquant un sourcil, il augmenta le son sans plus de forme de proccès. Et courut à vitesse grand V vers le premier transport en commun des parages. Il ne tenait pas tellement à chopper froid, en fait.
Une fois dans le métro – pas de rose, de violet à l'horizon, tout va bien –, il s'adossa aux portes quand elles se refermèrent. Et il regarda son reflet. Non qu'il soit narcissique, hein. Mais regarder sa boucle d'oreille l'apaisait. Un corbeau d'or, d'où partait une petite chaînette d'or qui se finissait en un losange de saphir bomber. Le tout était vrai, authentique, un cadeau de...
il-ne-savait-plus-qui. Il ne voulait même pas s'en rappeler. Voyant qu'il n'y avait personne, il enleva son casque et ferma ses yeux.
... Et il fut... projeté par terre ? Euh ? Il était par terre en tous cas, là. Euh... Hein ? Un jeune homme passa alors devant lui, et alla s'affaler dans un des sièges. Yoru regarda autour de lui – personne n'avait bougé, du très peu de monde ( silencieux ) qui se trouvait ici –, donc ce n'était que ce jeune homme qui avait pu le bousculer. Oui bon, Yoru n'avait rien senti mais... Et la politesse ?
- S'affaler après avoir bousculé quelqu'un, le tout sans s'excuser... C'est vrai que c'est constructif.Et une voix de gamine de sept ans, et un soprano carillonant. Allez... Oui bon... Il aurait pu être plus aimable. Là, il était juste franc. Et puis, avec sa voix et son physique, bon nombre de personnes le prenaient pour une femme. Une diablesse aux yeux rouges, qui paraissait plus démoniaque avec son fard à paupière noir et sa voix de satan version gamine de sept ans. ... Les gens, je vous jure... Il soupira quelque peu et se releva, s'adossant aux portes d'en face – qui elles ne s'ouvriraient pas pour le coup – tout en remettant son casque.
Pourquoi il ne disait rien de plus ? Il n'y avait rien d'autre à dire. Et puis, Yoru n'aimait pas tellement sa voix rouge sang. Enfin... Depuis cet...
incident, il n'aimait plus la couleur de sa voix.